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La littérarité latine, de l'Antiquité à la RenaissanceBlandine COLOT (dir.)
S'appliquant au concept de littérarité remis récemment en débat, la réflexion menée ici à travers quatorze contributions porte sur le domaine latin, et sur un large arc diachronique, où la notion de tradition est vivante ; elle contribue à éclairer l'évolution qui a progressivement amené un resserrement de la notion, notamment à propos de genres qui, de nos jours, ne sont plus jugés relever de "la littérature" (histoire, littérature spirituelle ou didactique...). Une première partie envisage la façon dont l'auteur se présente en créateur à travers son texte, tel Plaute défendant l'originalité de son inuentum (G. Petrone) ou Martial, le caractère authentique et exclusif de son oeuvre (J.-C. Julhe), ou encore Tacite jouant de la dimension pragmatique de son écriture pour avoir un impact sur son lecteur (F. Galtier). On voit également Ambroise insérer citations, récits ou anecdotes pour donner forme littéraire à ses sermons (M. Courseau), ou Felix Fabri indiquer au lecteur les multiples voies d'accès à son récit de pèlerinage selon l'expérience de lecture souhaitée (J. Meyers). La deuxième partie s'intéresse à la force pédagogique de la "lettre", qu'il s'agisse, pour Augustin, de vivre le temps de la confession comme épreuve du temps des hommes et approche du temps de Dieu (B. Pieri), ou pour Gallus, Sedulius, Arator, de faire que la forme poétique guide le fidèle dans sa compréhension du texte biblique (B. Bureau), ou, pour Eugène de Tolède, d'écrire pour une élite mais hors du cadre mondain, dans une position d'humilité où la langue est simple et le lyrisme religieux (C. Ulrlacher-Becht) ; qu'il s'agisse enfin, pour Giovanni Pontano, de faire que la littérarité constitutive de la science réalise le principe de la mimèsis en faisant jouer à plein les effets d'intertextualité avec les poètes latins (H. Casanova-Robin). La troisième partie interroge la manière dont les auteurs ont défini ou instauré le cadre de leur littérature ou fait dépendre de celle-ci le cadre de leur culture. Ainsi, le Cicéron des Verrines ou Pline l'Ancien nous apprennent qu'une oeuvre artistique est un monumentum faisant écho à une tradition littéraire qui bannit toute écriture purement technique (R. Robert); Lactance fait oeuvre d'initiateur en s'autorisant d'une facture "classique" pour gagner à un écrit d'inspiration chrétienne d'appartenir désormais à la littérature latine en général (B. Colot); les arts poétiques médiévaux montrent qu'à côté de la convention régulatrice de la tradition, qui s'appuie sur les classiques, la voix propre de la littérarité des auteurs se découvre dans ce que l'on peut restituer de l'horizon d'attente de leurs lecteurs (D. James-Raoul); parce que tout écrit médiéval latin suppose l'arrière-plan religieux chrétien, puisque seuls les clercs connaissaient le latin, sa littérarité ne doit pas être recherchée à côté du religieux mais se découvrir empiriquement dans ses intentions: émouvoir, modeler le monde, partager une émotion esthétique (E. Pinto-Mathieu); Robortello, enfin, par sa traduction nouvelle de la Poétique d'Aristote, fait ressortir la prééminence du critère de la mimèsis comme recherche du vraisemblable, libérant ainsi la création littéraire du critère du vrai et renouvelant alors son espace propre (L. Boulègue).
Directrice de l'ouvrage collectif : B. Colot
Éditeur : Presses Universitaires de Rennes
Collection : Interférences
315 pages
ISBN : 978-2-7235-7816-6
26 €
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