Les formes brèves, sujet et objet d’innovations pédagogiques

Lancé en septembre 2020, le programme européen intitulé « Short forms beyond borders » est coordonné par l’Université d’Angers. Objectif : développer des pratiques innovantes concernant les formes brèves que ce soit pour les domaines de la formation ou de l’éducation. Ce programme est financé par l’Agence France Erasmus+ à hauteur de 231 000 €.

Brièveté et efficacité : deux mots en vogue dans le monde actuel dans lequel les modes de communication se multiplient. Que ce soit à travers les SMS, les stories Instagram, les tweets ou les slogans, les messages sont de plus en plus brefs. Le succès de la série éponyme diffusée il y a quelques années sur une chaîne télévisée française en est un autre exemple. Ces formes brèves en pleine expansion sont au cœur d’un programme de « Partenariats stratégiques » européen coordonné par l’Université d’Angers depuis le 1^er septembre 2020. Intitulé « Short forms beyond borders », ce programme doté de 231 000 € financé par l’Agence France Erasmus + regroupe 6 universités et une structure privée (voir ci-dessous). Au sein de l’UA, ce sont des membres de l’équipe « Nouvelles et formes brèves » du Centre Interdisciplinaire de Recherche sur les Patrimoines en Lettres et Langues (CiRPaLL) qui portent le projet. 

Élaborer des définitions

L’objectif annoncé de ce projet est d’identifier des pratiques existantes et surtout de développer des outils innovants en lien avec les formes brèves pour les transposer dans le monde de l’enseignement, de la formation et de la culture. Le programme se découpe en 4 axes de travail. « Le premier consiste à définir ce terme de formes brèves. À l’UA, nous avons une longue expertise sur le sujet car depuis les années 1980 nous travaillons sur la nouvelle dans la fiction en langue anglaise », souligne Emmanuel Vernadakis, professeur en études anglophones. Une expérience traduite par la publication, depuis plusieurs années, de la revue scientifique Journal of the Short story in English dirigée par des membres du CIRPaLL. « Pour enrichir cette approche, nous allons identifier des pratiques déjà existantes dans les autres universités partenaires à travers des enquêtes pour avoir un état des lieux de ce qui se fait concernant ces formes brèves », précise Cécile Meynard, professeure de littérature française. « Les partenaires engagés regroupent des collègues avec lesquels nous avons l’habitude de collaborer. Le programme de recherche permet d‘institutionnaliser ce travail collectif entrepris depuis de nombreuses années », ajoute Michelle Ryan-Sautour, maître de conférences en études anglophones.

Des outils pour des publics diversifiés

L’idée est de travailler avec des enseignants et futurs enseignants qui eux mêmes
exploiteront ces outils auprès de publics divers : étudiants et élèves, touristes... Pour centraliser et rendre public les avancées réalisées durant ce programme européen, un site web spécifique va être créé. C’est sur ce support que le public pourra retrouver les outils pédagogiques innovants construits autour des formes brèves qui constitue un autre axe de travail. « Ces outils seront conçus dans un premier temps dans le cadre de formations de master mais pourront être utilisés pour d’autres usages et des publics différents », détaille Cécile Meynard.
Un exemple de parcours virtuel réalisé par les équipes de l'Université d'Angers.Elle cite par exemple les jeunes migrants en Europe pour qui ces outils  - vidéos, dessins, expressions corporelles – pourraient faciliter la découverte d’une identité culturelle différente de leur identité nationale d’origine. « Ces formes brèves peuvent aussi s’avérer très efficace pour la découverte des cultures et des espaces européens qui pourrait se faire grâce à un smartphone », explique la professeure de littérature française. Les étudiants du master franco-hellénique « Enseignants des langues en Europe », commun à l’UA et à l’Université nationale et capodistrienne d’Athènes, ont d’ailleurs déjà commencé à réfléchir à une exploitation pédagogique de formes brèves qu’ils auront produites dans ce cadre.. « Je leur ai demandé de réaliser des dossiers concernant les offres culturelles dans la ville d’Angers. Cela peut passer par de courtes histoires, des BD, des clips. Nous allons ensuite mettre cela en commun durant un atelier de 3 jours fin décembre afin de construire, en collaboration avec la société Baludik, un parcours de découverte à visée didactique accessible sur smartphone », développe Emmanuel Vernadakis.

Une série de rencontres transnationales

Dans le cadre du programme de recherche européen de nombreux moments d’échanges (rencontres transnationales, workshops et colloques) sont prévus à travers une importante mobilité enseignante et étudiante. Six rendez-vous majeurs sont programmés dans les villes des institutions partenaires du projet. Le premier prévu en octobre dernier à Szeged (Hongrie) a dû être annulé en raison du contexte sanitaire actuel. Le prochain doit avoir lieu à la fin du printemps 2021 à Giessen en Allemagne. Quant à la conférence de clôture, elle se déroulera à Angers en juin 2022. Un prolongement est envisagé à l'issue du projet : l'ouverture d'un master Erasmus Mundus, centré sur les formes brèves à l’échelle de l’Europe à destination des futurs professionnels de l’enseignement, de la culture, de la communication et du journalisme.

Un triumvirat pour guider les 7 partenaires
Le programme européen « Short forms beyond borders » est coordonné par l’Université d’Angers. C’est un triumvirat – Cécile Meynard, Michelle Ryan-Sautour et Emmanuel Vernadakis, membre du CIRPaLL – qui ont la charge de piloter le programme. Celui-ci regroupe 5 autres universités partenaires : Athènes (Grèce), Szeged (Hongrie), Santiago de Compostela (Espagne), Giessen (Allemagne) et Leuven (Belgique). Les six établissements universitaires vont travailler en collaboration avec une structure privée, Baludik, société spécialisée dans le développement d’application pour smartphone permettant de concevoir des itinéraires éducatifs et touristiques.